Il y a 100 ans, en mars 1921, la révolte des marins, des soldats et de la population ouvrière de Cronstadt constitua l’une des plus graves crises interne que devait connaître la dictature bolchévique. Un soulèvement qui était – pour ses protagonistes – le début de la troisième Révolution russe ; révolution qui aurait dû parachever les combats menés en février et octobre 1917.
A côté d’un certain nombre de revendications à caractère économique, en exigeant « tout le pouvoir aux soviets et non aux partis » les insurgés voulaient mettre en œuvre des principes proclamés par le nouveau régime – et garantis par la Constitution de la République soviétique de 1918 – soit une démocratie directe au travers de conseils élus (et révocables) par des assemblées à la base.
Rappeler ce mouvement à un siècle de distance, c’est aussi admettre que le destin de la Révolution russe n’était pas joué d’avance et que d’autres chemins auraient pu être empruntés. La révolution sociale qui a engendré un régime autoritaire sanguinaire était aussi porteuse d’idées et de valeurs dont le potentiel n’a pas pu s’épanouir.
Ville rebelle, Cronstadt avait connu, notamment en 1905-1906, plusieurs soulèvements et mutineries. En 1917, de nombreux marins et soldats avaient participé aux événements révolutionnaires, ce qui faisait alors dire à Trotski qu’ils étaient « l’orgueil et la gloire de la Révolution ». Beaucoup s’engagèrent dans l’armée rouge durant la guerre civile. Au moment où celle-ci s’achève, toutes une série de mesures coercitives prises par le pouvoir bolchevik sont remises en question. C’est le cas notamment des réquisitions de céréales qui vont au-delà du minimum vital des paysans. Celles-ci ont entraîné une réduction la production (à quoi bon cultiver, si on se fait tout voler) et c’est la famine. Or les marins et soldats ont obtenu des permissions et sont nombreux à revenir de la campagne où ils ont découvert la situation catastrophique qui y règne…
Située sur l’île Kotline dans le Golfe de Finlande, à 26 kilomètres de Petrograd (Saint-Pétersbourg), Cronstadt est une forteresse de défense et une importante base navale. Elle comptait à l’époque quelque 50’000 habitants, dont près de la moitié était des marins et des soldats. Il y avait aussi de nombreux ouvriers qui travaillaient pour les arsenaux… Pour planter le décor de ce qui va suivre, il faut aussi savoir qu’au moment des événements, le Golfe de Finlande était gelé, immobilisant les navires de guerre et rendant l’île accessible à pieds, à cheval ou en véhicule.
Dans la foulée des grèves de Petrograd
En février 1921, une vague de grèves et de manifestations ouvrières balaie Petrograd où la pénurie alimentaire et de combustible est particulièrement sévère (des mobilisations semblables ont lieu en même temps à Moscou et dans d’autres villes). Mal nourris, non chauffés, les grévistes réclament la fin du rationnement préférentiel qui favorise certaines catégories ; la suppression des barrages routiers où on leur confisque les quelques provisions obtenues auprès des paysans alentours ; des distributions de vêtements chauds, de chaussures… mais aussi la fin de la terreur ; la libération des prisonniers politiques de gauche ; des élections libres. Après une semaine de troubles, le pouvoir parvient à reprendre la main en faisant quelques concessions, mais surtout grâce à la répression : fermetures d’usines dont les ouvriers perdent ainsi leurs maigres rations de pain ; couvre-feu ; dispersion violente des manifestations par des détachements d’élèves officiers ; vagues d’arrestations de militants socialistes-révolutionnaires, mencheviks et anarchistes.
Le mouvement de Cronstadt s’inscrit dans la foulée et en solidarité avec celui de Petrograd. Il réclame notamment : de nouvelles élections aux soviets avec liberté de propagande pré-électorale ; la liberté de réunion pour les syndicats et les organisations paysannes ; la liberté de parole et de presse pour les ouvriers et les paysans, les anarchistes et les socialistes de gauche ; la libération des prisonniers politiques socialistes et anarchistes, ainsi que des ouvriers, paysans, soldats et matelots emprisonnés suite à des mouvements ouvriers et paysans ; la révision des procès des détenus des prisons et camps de concentration ; la suppression des « sections politiques » (organisations de surveillance civiles ou militaires du parti communiste) ; la suppression des détachements de barrages (qui confisquent les vivres) ; la liberté pour les paysans de disposer de leur production et de posséder du bétail à condition qu’ils n’emploient pas de salariés ; l’autorisation de l’artisanat libre n’utilisant pas de travail salarié.
Nous allons faire un court résumé des événements(1). Commençons au 1er mars 1921. Lors d’un meeting convoqué officiellement à Cronstadt et auquel participent 15’000 à 16’000 marins, soldats et ouvriers en présence de Kalinine, le chef de l’Etat soviétique, une résolution où figurent les revendications évoquées ci-dessus est présentée et adoptée presque à l’unanimité. Seuls s’y opposent quelques communistes (bolcheviks) dont Kalinine, Kouzmine commissaire de la Flotte de la Baltique et Vassiliev président du soviet de Cronstadt.
Qu’est qu’un soviet à ce moment-là ? Pour le savoir, il faut revenir un peu en arrière.
Durant l’année 1917, des soviets (conseils) avaient fleuri à tous les niveaux de la société, instaurant de petites républiques, territoires et communes qui géraient leurs affaires de manière décentralisée. Dès janvier 1918, le Congrès des soviets – qui était théoriquement l’instance constitutionnelle suprême – cessa de jouer un rôle politique autonome et se transforma en un simple ornement du pouvoir bolchevik. La Constitution de juillet 1918 institutionnalisa les soviets sur le papier, alors que le parti communiste monopolisait la représentation politique au travers du Conseil des commissaires du peuple. Ainsi, en 1921, on doit considérer Vassiliev non comme un délégué de la base, mais comme un préfet représentant le pouvoir central.
Revenons au 1er mars. Le président Kalinine quitte l’île, mais les deux autres dirigeants restent sur place. Le lendemain, une réunion des délégués des organisations ouvrières, de la marine et de l’armée rouge a lieu. Il est question d’organiser l’élection d’un nouveau soviet à Cronstadt. Kouzmine et Vassiliev ne sont pas d’accord et sont très agressifs. Kouzmine déclare que les communistes n’abandonneront pas le pouvoir sans combattre. Ils sont contraints de quitter la réunion et sont mis en état d’arrestation. Dans la foulée, les délégués décident d’élire un comité révolutionnaire provisoire qui va organiser l’administration de la ville et de sa forteresse. Il fait occuper les arsenaux, la centrale téléphonique, les entrepôts de ravitaillement et d’autres points stratégiques ; il arme les ouvriers… Face à cet acte d’insubordination, le gouvernement bolchevik fait dresser un cordon sanitaire entre la ville et le continent et les mesures de rétorsion commencent : les familles de marins vivant à Petrograd sont arrêtées comme otages. Des marins chargés de faire parvenir sur le continent la résolution adoptée en assemblée sont interceptés. Ils seront exécutés par la suite.
Dès les premiers jours du conflit, les autorités bolchéviques vont entreprendre un vaste travail de propagande, diffusant largement des communiqués mensongers : la révolte serait un complot des « gardes blancs », partisans de l’ancien régime. A sa tête se trouverait un certain Kozlovsky(2), ancien général de l’armée tsariste. Le 5 mars, Trotski (le chef de l’armée rouge) arrivé de Moscou fixe un ultimatum qui expire le 7 mars. Un appel diffusé par Radio-Moscou et lancé par avion aux insurgés, sous forme de tracts, leur annonce : « Si vous persistez on vous tirera comme des perdreaux ». Des anarchistes dont Alexandre Berkman et Emma Goldman s’adressent à Zinoviev, président du soviet de Petrograd et dirigeant de l’Internationale communiste, le pressant de chercher un règlement pacifique du conflit, mais leur démarche n’aura pas de suite.
Le 7 mars, les premiers tirs d’obus atteignent Cronstadt dont l’artillerie riposte. Le 8 mars, c’est le premier bombardement aérien de la ville. 20’000 soldats sont envoyés sur la glace pour attaquer la citadelle, certains fraternisent avec les marins et soldats de Cronstadt, malgré la présence de la Tcheka (police politique) qui tire sur les déserteurs avec des mitrailleuses. Plusieurs régiments refuseront le combat… Le 17 mars, c’est l’offensive générale de 50’000 soldats qui encerclent la ville et affrontent des insurgés exténués et affamés. Cronstadt tombe le 18 mars après les derniers combats, à la baïonnette, à la grenade, rue par rue. 6’700 insurgés et habitants parviennent à s’enfuir en se trainant sur la glace et rejoignent la Finlande. Ceux qui sont restés sur place subiront une impitoyable répression. Un historien favorable aux bolcheviks (Jean-Jacques Marie) a décompté 2’168 insurgés condamnés à mort et fusillés. D’autres donnent des chiffres nettement supérieurs. Par contre, aucun des quelques 300 communistes emprisonnés sur l’île (dont Kouzmine et Vassiliev) n’a été exécuté.
Les raisons de l’échec
Vraisemblablement, avant le premier coup de canon, les marins et soldats de Cronstadt ne pensaient pas que le gouvernement allait les attaquer militairement. Raison pour laquelle, ils ne prirent pas l’offensive en s’emparant, par exemple, de la base d’Oranienbaum sur le continent, à 8 kilomètres de l’île, où se trouvait une grande réserve de vivres qui leur manquèrent cruellement par la suite. Ils ne firent pas non plus briser la glace autour de la forteresse, ce qui aurait empêché l’armée rouge de s’approcher. Comme l’a écrit Ida Mett, ils ne comptaient pas sur leur capacité militaire, mais sur « la solidarité morale de toute la Russie laborieuse ». Leur volonté était de négocier avec le pouvoir bolchevik pour améliorer la situation. S’ils avaient pris l’offensive, suivant les conseils des « techniciens » (anciens officiers tsaristes présents sur le site) cela aurait signifié, à leurs yeux, un compromis avec l’ancien régime contre lequel ils s’étaient battus.
De plus, s’il s’était agi d’un complot ourdi depuis l’étranger, comme l’ont affirmé les bolcheviks, le mouvement se serait produit quelques semaines plus tard, après la fonte des glaces. Alors, la citadelle aurait été pratiquement imprenable et des navires étrangers auraient pu la ravitailler… Au contraire, c’est la nature spontanée et improvisée de la révolte qui l’a rendue vulnérable.
Pourquoi les bolcheviks les ont-ils massacrés ?
Dès le départ, la prise du pouvoir par les bolcheviks reposait sur de fausses prémisses. La soi-disant « dictature du prolétariat » était celle du parti communiste qui allait exercer le pouvoir au nom du prolétariat. Les membres du parti dont les effectifs augmentaient à vue d’œil – et ce malgré les purges périodiques – bénéficiaient d’avantages dont étaient privés les véritables prolétaires. En 1921, autant les conséquences de la guerre civile que la politique menée par les dirigeants bolcheviks leur avaient fait perdre une grande part de leurs soutiens. Accepter la mise en œuvre de véritables soviets aurait signifié la fin du monopole du pouvoir, mettant en péril la nouvelle classe sociale qui se développait au sein de l’appareil d’État et du parti communiste. Cronstadt constitue un tournant, son écrasement révèle qu’aucun compromis n’est possible entre le pouvoir et celles et ceux qui défendent l’égalité et la liberté.
Cronstadt voulait-elle la NEP ?
Au cours du Xe Congrès du parti communiste qui se déroule à Moscou du 8 au 16 mars 1921 – soit au moment des combats à Cronstadt – Lénine va faire adopter la Nouvelle politique économique (NEP) qui rétablit la liberté du commerce. Pour les paysans cela va signifier la fin des réquisitions qui seront remplacées par un impôt en nature. Cela va les encourager à produire plus et à écouler leurs surplus. Dans le courant de l’année 1921, les entreprises de moins de vingt salariés seront dénationalisées. De plus, le gouvernement va faire appel aux capitaux étrangers pour développer le secteur industriel. D’aucuns ont considéré qu’il s’agissait d’une réponse aux revendications des marins de Cronstadt. Tel n’est pas le cas. A côté de leurs revendications politiques, ils réclamaient la liberté économique pour les paysans et artisans n’employant pas de salariés et non la création de PME dont les patrons s’enrichissent en exploitant le travail d’autrui. Pour Cronstadt il s’agissait, de manière pragmatique, de libérer la créativité et l’énergie des personnes, dans un contexte où l’industrie était au point mort et où la centralisation et l’autoritarisme aggravaient une situation catastrophique.
Certes la NEP va permettre au régime de survivre en relançant la production. Cette politique, tant qu’elle va durer, fera coexister un capitalisme privé à côté du capitalisme d’Etat, élargissant la base des privilégiés du régime : « la NEP était (…) l’union des bureaucrates avec les couches supérieures du village contre le prolétariat »(3). Rien à voir avec le socialisme affiché par les dirigeants bolcheviks.
Anarchistes petits-bourgeois ?
Dans son discours du 8 mars 1921 au Congrès du parti communiste, Lénine affirme que « les éléments anarchistes petits-bourgeois se sont révélés à plusieurs reprises comme les ennemis les plus dangereux de la dictature du prolétariat » ! La hantise de Lénine, c’est Thermidor. Il existe une forme de mimétisme avec la Révolution française chez les bolcheviks qui s’identifient aux jacobins et qui craignent de finir comme eux. Le terme de Thermidor est pratiquement tabou parmi eux. Par contre, Nicolas Oustrialov, l’idéologue du national-bolchévisme l’expose clairement en analysant l’insurrection de Cronstadt comme « une manifestation du « mécontentement de la Montagne » qui montre brusquement aux bolcheviks le « chemin salvateur de Thermidor » : la NEP »(4). Dit autrement, du moment que toute révolution implique un «Thermidor », un moment contre-révolutionnaire, autant en prendre la direction.
Conception du monde et réalité bolcheviques
Dans la perspective marxiste-léniniste, la petite production agricole ou artisanale est un vestige du passé condamné à disparaître. Certes, vu l’arriération économique de la Russie, les bolcheviks ne pouvaient se passer des petits producteurs et il fallait leur faire des concessions, mais leur objectif à long terme était l’agriculture industrielle et la grande industrie. Dans cette perspective productiviste à outrance, la défense d’une petite production autogérée allait à l’encontre de la marche de l’histoire telle que le marxisme-léninisme la concevait.
Contrairement à ce que prétendait Lénine, la véritable petite bourgeoisie n’était pas constituée par les anarchistes, ni par d’autres secteurs favorables à l’auto-organisation communaliste et aux traditions communautaires et coopérativistes présentes dans le monde rural et l’artisanat. C’était la bureaucratie de l’État-parti, les koulaks et les nepmen provisoirement favorisés. Ceux-ci seront éliminés par Staline lors du « Grand Tournant » (1929-1934), tout comme il décimera une partie de la « bureaucratie » et de la hiérarchie militaire au cours de la «Grande Terreur » (1937-1938). Ce qui se mettait en place en URSS, c’était un système particulièrement féroce de circulation des élites, avec une industrialisation brutale, destructrice de l’environnement et des liens sociaux.
Conséquences de Cronstadt
Outre l’adoption de la NEP, les événements de Cronstadt eurent pour conséquence l’anéantissement de toute opposition légale. Une nouvelle vague de répression s’abattit sur les anarchistes, les socialistes révolutionnaires et les mencheviks encore en liberté, accusés d’avoir été complices de la révolte. Une partie put émigrer en Occident, mais la plupart furent arrêtés… A la fin de 1921, l’opposition politique était réduite au silence et à la clandestinité.
Par ailleurs, Lénine utilisa le soulèvement de Cronstadt pour faire taire les oppositions internes au parti communiste, surtout l’opposition ouvrière qui voulait donner plus de poids aux syndicats dans la gestion des entreprises et de l’économie. Ses figures de proue : Alexandra Kollontaï et Chliapnikov demandèrent, devant le Xe Congrès, des explications à Lénine concernant les événements de Cronstadt. Par ailleurs, leurs critiques portaient sur l’incurie du Commissariat à l’approvisionnement qui avait laissé pourrir des quantités de denrées alimentaires enlevées de force aux paysans et sur la dégénérescence du parti qui tournait désormais le dos à « l’élément prolétarien ». En réponse, on les accusa d’avoir, par leurs critiques, encouragé les rebelles à prendre les armes contre le gouvernement. Une résolution les accusant de « déviation anarcho-syndicaliste » fut votée par le Congrès. Celui-ci décida aussi de supprimer le droit de fraction au sein du parti. L’opposition ouvrière fut dissoute avec effet immédiat. Ordonnée par Lénine, une importante épuration suivit. Les dissidents qui y échappèrent rentrèrent dans le rang.
Comme le souligne Alexandre Skirda dans la conclusion de son livre, le soulèvement de Cronstadt constitue un événement qui, s’il avait eu un dénouement différent, aurait pu changer le destin de l’humanité. Si la Révolution russe avait pu reprendre son cours, restaurer les libertés et employer son énergie à édifier une société plus juste, bien des souffrances et désastres du XXe siècle auraient été évités. On ne peut pas refaire l’histoire, mais il y a encore des enseignements en tirer.
Ariane
Principaux ouvrages consultés :
– Oskar Anweiler, Les Soviets en Russie (1905-1921), Paris, Gallimard, 1972
– Paul Avrich, La tragédie de Cronstadt – 1921, Paris, Seuil, 1975
– Alexandre Berkman, Le mythe bolchevik, La Digitale, Baye – Quimperlé, 1987
– Jean-Jacques Marie, Cronstadt, Paris, Fayard, 2005
– Ida Mett, La commune de Cronstadt. Crépuscule sanglant des Soviets, Paris, Spartacus, 1948
– Alexandre Skirda, Kronstadt 1921: soviets libres contre dictature de parti, Paris, Spartacus, 2017
– Carlos Taibo, Anarquismo y revolución en Rusia (1917-1921), Madrid, Catarata, 2017
– Voline, La Révolution inconnue. Russie 1917-1921, Paris, Belfond, 1986 [1969]
Notes
1. Voir par exemple la chronologie disponible sur http://revolutions-1917.info/spip.php?article132. Ce site met à disposition de nombreuses sources et textes sur les événements de Cronstadt.
2. Comme beaucoup d’officiers de l’ancien régime, Kozlovsky avait été recruté comme « technicien » par l’armée rouge. Personnage assez terne, il ne joua pas de rôle notable dans les événements de mars 1921.
3. A. Ciliga, « L’insurrection de Cronstadt et la destinée de la Révolution russe », in La Révolution prolétarienne, 10 septembre 1938, p. 3.
4. Tamara Kondratieva, Bolcheviks et jacobins. Itinéraire des analogies, Paris, Les Belles Lettres, 2017, pp. 111-112.