Nous publions ci-dessous une traduction française du communiqué de la CNT, section espagnole de l’Association internationale des travailleurs (AIT), en proie à une attaque frontale de la part d’une autre CNT membre de la Confédération internationale du travail (CIT) fondée en 2018.
Jeudi prochain, le 19 septembre 2024, débutent les procès contre seize syndicats de la CNT-AIT(1) suite aux requêtes de la CNT-CIT, un syndicat avec lequel, jusqu’il y a moins de dix ans, nous formions une seule organisation. Nous n’allons pas expliquer ici le pourquoi de cette situation. Nous l’avons déjà fait il y a trois ans dans un texte intitulé «Contre vents et marées»(2). Notre intention aujourd’hui est d’informer et de souligner quelques aspects du contenu de l’offensive judiciaire de la CNT-CIT.
Celle-ci prétend nous obliger (grâce à l’État) de cesser d’utiliser «le nom Confédération nationale du travail, le sigle CNT, ses signes distinctifs [drapeaux et logos]… et son emblème [Hercule combattant le lion de Némée]», avec l’argument qu’«il s’agit de marques nationales déposées» (auprès de l’Office espagnol des brevets et des marques). Ils nous accusent d’usurper une identité qui leur appartiendrait et de chercher à tromper leurs affilié.es potentiels en utilisant «leur prestige historique». Mais ce qui est sûr, c’est que, des deux parties, la CNT-AIT est la seule à avoir toujours clairement indiqué qui elle est et à quelle internationale elle appartient (l’Association internationale des travailleurs fondée en 1922). On peut affirmer, par contre, que la CNT-CIT cache délibérément sa filiation à la CIT comme une stratégie de marketing. Qui crée la confusion? La réponse nous semble évidente.
Une autre question qui nous semble importante est leur intention de nous empêcher judiciairement de rendre public ce qui s’est passé : leur comportement intolérable, leurs manœuvres politiques et leur corruption. Ils ont l’intention de nous faire taire en utilisant le tribunal de la «Audiencia National», afin d’obtenir par la force de l’État ce que leur absence de légitimité morale n’a pu leur accorder.
Comme si ce n’était pas suffisamment honteux, ils réclament 50 000 € à chaque syndicat poursuivi (soit un total de 800 000 €) pour un prétendu «préjudice moral». Et ce, dans le but de nous étouffer financièrement. Il est évident que ces procès ne cherchent pas seulement à nous priver d’un nom et d’une identité, ils cherchent à nier ce que nous avons construit depuis plus d’un siècle et à nous écraser par des réclamations financières scandaleuses. L’argument des prétendus «préjudices moraux» est complètement ridicule, une stratégie punitive et malhonnête pour obtenir ce qu’ils recherchent depuis des années : notre disparition.
Et nous trouvons particulièrement honteux que, tout au long de ce processus, ils refusent de reconnaître l’AIT (auquel ils appartenaient jusqu’à il y a peu) avec un argument aussi pauvre et affligeant que celui de son inexistence juridique. Et ce qui est plus grave, malgré cette absence d’un minimum de reconnaissance et de respect, ils se sont appropriés de la documentation et les dossiers de l’AIT, refusant de les restituer malgré nos tentatives de les récupérer là où ils sont déposés et conservés. Ceci, ainsi que d’autres faits que nous n’aborderons pas aujourd’hui, montrent qu’ils ont non seulement l’intention de s’approprier le nom et l’héritage de la CNT, mais qu’ils ont également l’intention d’enterrer vivante l’AIT.
Encore une fois, et pour conclure, nous appelons l’ensemble des membres du CIT, qui auraient honte des actions de leurs comités, à mettre un terme à tout cela, et au mouvement anarchiste en général à sortir de sa passivité et à abandonner l’équidistance.
Salut et Révolution sociale
1) Elda, Chiclana, Murcia, Torrelavega, Alcoy, La Safor, Cádiz, Granada, Camp de Morvedre, Albacete, Marina Alta, Alicante, Toledo, La Plana, Cartagena et Lugo.