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Nous l’avons rêvé… les Français le font ! Des élections où personne ne vote et des sueurs froides chez les pros de la politique.

La France, vieux pays politique où le vote est sacralisé même chez ceux qui perdent tout le temps (les électeurs  » vraiment  » de gauche »), n’y croit plus. Et c’est un peu la panique à bord car, sans le story telling électoral, il ne reste pas grand-chose de la fiction démocratique. Il devient évident  que les élections servent avant tout à conférer une légitimité aux jobs des politiciens et à justifier leur pouvoir. Si personne ne les élit, comment faire encore croire qu’ils représentent l’intérêt général et, même, pour reprendre un poncif doloriste cher aux politicards  » qu’ils s’y dévouent  » dans un élan sacrificiel.

L’ère Macron a démontré, s’il en était encore besoin, que les politiciens sont des pros du pouvoir et guère plus. En effet, celui-ci – dont le parti fantoche n’a ni histoire, ni ancrage idéologique, ni base – a constitué ses équipes en piochant dans le cheptel politicien existant : droite, gauche, écolos… Rappelons, entre d’innombrables exemples, que, lors des précédentes élections régionales, la tête de liste de la gauche en Provence n’était autre que celui qui allait devenir le ministre de l’intérieur de Macron, le boucher des Gilets Jaunes, Castaner.

La réaction des politiques en dit long. Faure, le petit leader du PS, parle de la nécessité de présenter une offre politique avec des différences lisibles. Ce n’est pas la défaite de ses idées qu’il regrette, car lui et son parti n’en ont pas une seule et il le sait bien et il s’en fout, c’est de voir les clients bouder sa petite entreprise. Alors, en bon chef de rayon, il se dit qu’il faut diversifier les modèles. Certains causent  » technique  » : vote obligatoire, vote électronique, etc. Pourquoi pas un vote automatique ? D’autres accusent un peuple ingrat qui ne connaît pas sa chance ! Cynisme, bêtise… Il faut bidouiller un truc pour que les électeurs acceptent, à nouveau, de leur plein gré ou pas, de participer à la distribution des places aux employés du secteur spécialisé de l’oligarchie au pouvoir qu’est la politique.

Qu’elle soit motivée par un rejet politisé, un désintérêt, un dégoût, cette abstention traduit le fait que la majorité des électeurs a compris qu’il ne se jouait rien dans les élections qui les concerne un tant soit peu. Le désaveu est, fort logiquement, le plus fort dans les classes les plus populaires où la lucidité est grande, car indexée sur une réalité sociale dont la dureté n’offre plus de prise au baragouin électoraliste. Ne participent encore que ceux qui se sentent faire partie, peu ou prou, des affaires qui se mènent dans les cercles politiques : ces classes moyennes intermédiaires et supérieures qui se laissent bercer de mots, de formules, d’éléments de langage, qui réagissent encore aux misérables polémiques que lancent les communicants stipendiés en guise de  » vie démocratique « .

Tout cela ne fait certainement pas une démocratie, même partielle, même formelle. Ne reste que le pouvoir dans sa brutalité. Celle des flics de Macron qui, il y a quelques jours encore ont tabassé du fêtard et ramené un nouveau bras arraché en trophée, selon une pratique devenue rituelle.

Le pouvoir sait qu’il n’offre plus de perspective suffisamment commune pour cimenter la société comme ce fut le cas, par exemple, dans les années soixante avec l’horizon de l’accès à la consommation de masse. Les inégalités se creusent, les exclus se multiplient, non pas par quelque fatalité mais parce que c’est l’agenda fixé.

Dans ce contexte les politiciens ne représentent plus grand monde et ce n’est, au fond, même plus leur fonction, aussi fantasmatique qu’elle fut par le passé. Macron exemplifie ce moment. Sans légitimité démocratique, sans idées propres, il n’a comme soutien que ceux qui trouvent intérêt à l’ordre des choses existant et ce n’est pas lourd. Pour rester au pouvoir, sa tactique est de créer des cassures dans la société parmi la majorité qu’il s’emploie à desservir. Macron désigne des ennemis : les grévistes, les Gilets Jaunes, les fêtards, les musulmans, les islamo-gauchistes, etc. N’ayant rien à offrir qu’une nouvelle détérioration d’un modèle social abimé, il divise en faisant le choix de la multiplication de guerres civiles, pour l’instant, symboliques.