Nous vivons une époque de raidissement et d’accélération de la domination qui se traduit dans les pays dits « démocratiques » par une perte de liberté, qui touche aussi la plupart des gens qui se croyaient à l’abri du besoin et ne pensaient jamais voir leurs droits piétinés, tels que cela s’est produit durant la crise sanitaire… Le système fonce dans le mur, mais les capitalistes et les gouvernants n’ont pas l’intention de le remettre en question. On pourrait évoquer ici le réchauffement global, la soupe de pollution chimique dans laquelle nous baignons, etc. Si l’on se limite aux facteurs « économiques », l’augmentation rapide de l’inflation et des taux d’intérêts fait peser une nouvelle menace, et pas seulement pour les ménages. Le service de la dette publique constitue une aubaine pour les spéculateurs et un « carcan » pour les gouvernements, qui vont s’appuyer sur cette nouvelle donne pour réduire encore les dépenses sociales.
Dans ce contexte, le mouvement social en France est important. De l’extérieur, nous avons été impressionné.es par l’ampleur des manifestations et par la violence de la répression policière et judiciaire. Que ce soit à Sainte Soline contre les opposant.es aux mégabassines ou durant les mobilisations contre la réforme des retraites et même le 1er mai, le pouvoir a choisi la manière forte pour faire peur et dissuader les participant.es, quitte à tuer et à blesser grièvement. Matraquage systématique, utilisation d’armes de guerre prétendument « non létales » mais qui mutilent et peuvent tuer, arrestations arbitraires, gardes à vue massives, comparutions immédiates et dans certains cas lourdes condamnations… le pouvoir en France veut réduire la contestation par la répression. Sans doute espère-t-il étouffer le mouvement, comme il l’a fait avec les « gilets jaunes ». Le bras de fer est engagé, la réponse n’est pas encore définitive.
Ce pouvoir donne aussi une impression d’agitation tous azimuts, comme s’il voulait faire passer un maximum de mesures antisociales, anti-pauvres (lois répressives contre les squats et locataires en retard de paiement, travail obligatoire pour les bénéficiaires du RSA…) ; ou démagogiques comme celle de moins réprimer les (petits) excès de vitesse. Le bâton d’un côté et la carotte de l’autre. Parviendra-t-il à regagner du terrain, à réduire la colère et le « zbeul » qui accompagne désormais tous les déplacements de Macron, des membres du gouvernement, des députés de la majorité et maintenant des riches dans leurs loisirs ?
Macron est arrivé au pouvoir pour faire barrage à l’extrême droite paraît-il. Avec son autoritarisme, la violence de sa répression, son racisme institutionnel (voir l’opération « Wuambushu » à Mayotte qui participe aussi d’une entreprise coloniale), il a déjà réalisé une bonne partie du programme de Marine Le Pen. Le cours de son règne pourrait être parachevé par « une crise financière et un scénario à la grecque » (1) comme l’envisagent en coulisses certains de ses ministres. Bref, l’attaque est frontale et tous les moyens sont bons pour mettre à genoux les exploité.es.
Les syndicats n’ont pas été en mesure de bloquer le pays comme ils l’avaient annoncé. Leur chance a été la précipitation politique de Macron et le caractère brouillon de son opération. Sans le « miracle » du « 49.3 », le mouvement allait vers son essoufflement annoncé, du fait de la limitation du droit de grève dans certains secteurs (loi de 2008 sur la continuité du service public) et une tactique syndicale d’étalement dans le temps des « journées de mobilisation » qui épuisent celles et ceux qui sont en grève reconductible. C’est la réaction autonome des individus et de certains collectifs, dont des sections syndicales ou des lieux occupés, qui a relancé le mouvement après le 16 mars, en-dehors de l’intersyndicale et selon un mode mêlant les manifs, les émeutes, les opérations de blocages, etc. C’est en se rendant moins contrôlable par les syndicats que le mouvement a gagné une dynamique qui a fini par inquiéter et mettre en difficulté le pouvoir. Jusque-là, les manifs classiques, même très suivies, étaient vues avec tranquillité par Macron. Des leçons du mouvement des gilets jaunes ont été tirées par ceux et celles qui se mobilisent aujourd’hui.
Le retour du syndical ?
Malgré ses faiblesses, le syndicalisme intéresse à nouveau, y compris dans des milieux qui l’ont longtemps décrié. Les syndicats peuvent-ils « conserver leur rôle de représentants et de protecteurs institutionnels de la force de travail » ? s’interroge-t-on dans lundimatin. Cela semble difficile et les auteurs (2) aimeraient au contraire les voir « devenir partie prenante d’une dynamique politique de rupture avec le développement capitaliste, posant à moyen terme une situation de double pouvoir, et finalement posant la question du pouvoir tout court ». Parce que « l’initiative de l’entrée en lutte appartient encore largement aux syndicats », il ne leur semble guère possible de faire face, sans eux, à l’autoritarisme brutal du gouvernement Macron et au fascisme qui vient. Ainsi, proposent-ils d’associer les syndicats à des assemblées de base et des coordinations regroupant également des collectifs autonomes (et des partis).
De son côté, Lewis Chambard appelle de ses vœux un « syndicat de tous les aspects de de nos vie » qui organiserait « l’auto-défense des travailleurs, des locataires, des exilés sans distinctions autre que la principale : nous, classe laborieuse, sommes en guerre contre la bourgeoisie et son monde » (3). Il pense que l’essentiel est d’avoir un lieu où se réunir et qu’il faudrait se fédérer en Assemblée des Assemblées au plan national, à l’image de la tentative de coordonner les ronds-points et le AG locales des gilets jaunes et, dirions-nous, de ce que purent être les Bourses du travail au début du siècle passé.
Face à l’accroissement des formes d’exploitation les plus dures, certains syndicalistes semblent avoir bien compris que le retour aux sources du syndicalisme révolutionnaire est attrayant pour les jeunes militant.es et toutes celles et ceux qui ont compris que le « néo-libéralisme » n’a rien de nouveau, mais ferme une parenthèse d’expansion du système capitaliste qui faisait miroiter le consumérisme et la société « de loisirs » comme perspective. Olivier Mateu, secrétaire de la CGT des Bouches-du-Rhône, n’hésite pas à mettre en avant son grand-père anarcho-syndicaliste pour revendiquer les principes de la Charte d’Amiens (1906) qui assigne au syndicat une double besogne : « défendre le quotidien des travailleurs et penser une société nouvelle » et cela à côté d’autres références comme celle du président vénézuélien Nicolás Maduro, de Fidel Castro, Che Guevara ou de Georges Marchais (4), bref dans une grande confusion. Nous y reviendrons.
Ce qui change aujourd’hui, et contrairement à ce qui s’est passé lors d’autres attaques frontales contre les salarié.es, comme par exemple la « loi travail » en 2016, c’est que le gouvernement a dû faire face à l’ensemble des centrales syndicales. Cette intersyndicale inhabituellement soudée s’explique de plusieurs manières. Longtemps, la CFDT par exemple a fidèlement joué le jeu du « dialogue social », du syndicalisme « de proposition », en se faisant partenaire de négociations sans mobilisation. Ce partenariat avec le patronat a été valorisé par le pouvoir, mais il ne peut fonctionner que s’il a du blé à moudre. Or, contrairement à ses prédécesseurs, Macron n’a pas essayé de diviser les syndicats en faisant un minimum de concessions qui auraient permis aux plus compromis de sauver la face. Au contraire, dès son premier mandat, Macron a attaqué de front les centrales syndicales. Il a pris des mesures pour réduire la « participation » des travailleur.euses au sein des entreprises : fusion des instances de représentation du personnel (comité d’entreprise, délégués du personnel et comité d’hygiène et de sécurité) en un seul « comité économique et social (CES) ». Les différentes institutions qui avaient permis – sinon la paix sociale – du moins d’intégrer les militants syndicaux au sein des entreprises ont été réduites, tout comme le nombre des salarié.es qui représentent leurs collègues auprès de la direction de l’entreprise. Ainsi, celles et ceux qui sont élu.es à ces postes se transforment en « expert.es » de plus en plus éloigé.es du terrain et, au lieu de faire remonter certains problèmes, les CES « deviennent des chambres d’enregistrement des décisions patronales » (5).
Lors du congrès de la CFDT de juin 2022, un amendement refusant tout accroissement de la durée de cotisation permettant de toucher une retraite à taux plein a été adopté par 67% des délégué.es, contre l’avis de la direction. Celle-ci ne pouvait pas décemment s’assoir sur une décision de congrès, sans courir le risque de perdre des adhérent.es. Par contre, avec la puissante mobilisation contre la réforme, tous les syndicats (y compris la CFDT) gagnent de nouveaux membres… Une porte de sortie sera-t-elle offerte aux directions syndicales qui ont si bien su jouer le jeu ces dernières décennies ? Au moment où nous écrivons ces lignes, on ne peut pas savoir si le gouvernement parviendra à diviser l’intersyndicale, en faisant des concessions à la CFDT sur ses revendications particulières. On imagine toutefois que ses dirigeant.es vont sérieusement peser les coûts et les bénéfices de ce qui ressemblerait à une trahison.
Un syndicalisme toujours bureaucratique
Les grandes centrales syndicales sont des organisations bureaucratisées qui nourrissent un grand nombre de permanent.es. On sait que les cotisations ne couvrent qu’une partie de leur financement (de l’ordre de 30% avec d’importantes différences selon les syndicats), le reste provient de subventions de l’État, des entreprises et des collectivité locales. Bref, les syndicats ont un fil à la patte et évitent de prendre des décisions qui risqueraient de réduire leurs ressources. Il faut avoir cela en tête quand on compte sur eux pour changer le monde.
Il est évidemment impossible de savoir dans quelle mesure les professionnel.les du syndicalisme sont « honnêtes » et croient en leurs propos et dans quelle mesure il s’agit de démagogues qui ne cherchent qu’à conserver leurs privilèges, mais il est indéniable qu’il faut tenir compte de leur statut quand on examine les orientations choisies. Les pressions de la base, les convictions politiques jouent aussi un rôle, mais pas déterminant. La lutte des places au sein de l’institution est sans doute plus importante que la lutte des classes…
Une CGT entre réformisme et radicalité surjouée
C’est ce que l’on a pu observer lors du congrès de la CGT qui s’est tenu à Clermont-Ferrand du 27 au 31 mars derniers. Ce congrès a été le cadre de plusieurs « premières » : première fois que le rapport d’activité de l’équipe sortante n’a pas été validé, première femme élue à la tête de la confédération… Surtout, les reportages et témoignages que nous avons consultés dévoilent la déliquescence et les contradictions de la vieille centrale.
Au travers de débats houleux, la direction sortante n’a pas réussi à convaincre. Accusé d’autoritarisme, le secrétaire général Philippe Martinez n’a pas, pour quelques voix, obtenu le quitus. Adepte du « syndicalisme rassemblé », du « dialogue social » sans vrai rapport de force, il n’a pas réussi à placer sa dauphine Marie Buisson à la tête du syndicat. Il faut dire que pour innover, Martinez et Buisson avait apposé la signature de la CGT à une plateforme intitulée « Plus jamais ça » qui regroupe d’autres syndicats (FSU, Solidaires, Confédération paysanne), mais aussi des ONG dont Greenpeace qui combattent l’énergie nucléaire, tout le contraire de ce que pense la puissante Fédération de l’énergie de la CGT.
Si l’on en croit un militant ayant participé au congrès, il y aurait actuellement trois camps au sein de la CGT, celui de l’ancienne direction, le courant de la ligne « néo-stalinienne » qui défendrait « un syndicalisme incantatoire « de l’action » sans construction profonde du rapport de force non plus (…) et un courant non-structuré attentiste, légitimiste, et opportuniste, se retrouvant au gré des situations à choisir l’un ou l’autre camp » (6).
Parmi les figures de proue du camp « de l’action » on retrouve Olivier Mateu déjà évoqué. Pourquoi « néo-stalinien » ? Notamment parce que les membres de ce courant sont partisans de la Fédération syndicale mondiale (FSN) autrefois dominée par l’URSS et qui regroupe encore aujourd’hui des organisations liées à des parti communistes « orthodoxes » ; de certains pays du Sud ; ainsi que des syndicats d’Etat comme la Fédération générale des syndicats de Corée du Nord ; la Centrale des travailleurs cubains ; la CGT du Vietnam ou la « Maison des Travailleurs » en Iran, directement liée au régime des Mollahs… Pour les unions départementales et les fédérations de branches de la CGT qui appartiennent à la FSM, il semble que ce soit surtout un moyen de contester la majorité qui est favorable à la Confédération syndicale internationale (CSI) dont la centrale est membre actuellement (7). La CSI regroupe la plupart des syndicats des pays occidentaux (d’autres diraient sous influence de l’impérialisme américain). Bref, au sein de la CGT, la Guerre froide est toujours d’actualité.
Quelle est l’efficience de cette « radicalité » souvent attribuée au courant FSM de la CGT ? Nous avons lu l’interview d’un cheminot (8) – ancien conseiller confédéral en charge de l’activité Travail/Santé – qui expose les limites d’attitudes qui se présentent comme combatives, mais dont l’objectif principal est de « gagner des points » vis-à-vis du reste de la confédération. Selon ce militant, la CGT serait en train de passer d’un syndicalisme de masse (où l’on essaie de rassembler le plus de grévistes possible pour bloquer l’économie) à un syndicalisme « où l’important c’est surtout d’afficher la grève, quitte à ce qu’on ait seulement une poignée de militants en grève qui font des coups d’éclat, pour bloquer et faire voir la grève. (…) Tout cela… ne mobilise pas beaucoup de monde, mais tout est passé sur Facebook et Twitter. » L’avantage de tels mouvements ultra-minoritaires est de ne pas coûter trop cher aux caisses de grèves. Les masses ne suivent pas… « ce n’est pas grave ; de toute façon si elles ne sont pas avec nous, c’est qu’elles sont perdues », et de conclure : « On peut dire que c’est un syndicalisme mouvementiste soutenu par certains secteurs bureaucratiques. Et c’est cette démarche d’avant-garde éclairée qui a été la principale ligne d’opposition à Philippe Martinez au dernier congrès ».
La nomination de Sophie Binet à la tête de la CGT a été présentée par la presse comme une surprise : la secrétaire de la Fédération des ingénieurs, cadres et techniciens n’a jamais eu de carte du parti communiste, à la différence de ses prédécesseurs, par contre, elle a été membre du PS et dirigeante de l’Union des étudiants de France (UNEF). Un profil rassurant semble-t-il pour le pouvoir… et un compromis entre les différents courants de la centrale syndicale qui se retrouvent ensemble au sein de la nouvelle direction. Quoi qu’il en soit, le panorama qu’a dévoilé le congrès de la CGT n’est pas très réjouissant. D’un côté, un courant réformiste majoritaire qui depuis près de vingt ans a connu défaites sur défaites au plan national ; de l’autre un courant dit radical, traité par certains d’« anarcho-syndicaliste »(9), orphelin du stalinisme et tout autant bureaucratique et, entre les deux, des opportunistes.
Construire autre chose
Faut-il compter sur les « grands » syndicats pour « changer le monde » ou même pour créer un rapport de force qui permettrait au mouvement social d’emporter des victoires ? Ne sont-ils pas au contraire des entraves qui mènent les luttes à des impasses, notamment en leur fixant un agenda distendu, indexé sur des échéances politiques : comme l’hypothétique abrogation de la réforme des retraites qui doit être soumise au vote le 8 juin à l’Assemblée nationale, suite à la proposition de loi du groupe centriste « Liot ».
Certes, nous ne pensons pas qu’en l’absence des syndicats, le mouvement social serait beaucoup plus puissant et pourrait spontanément renverser le pouvoir et créer une société plus juste. Tout ça doit se construire, mais cela ne se fera pas à partir des syndicats réellement existants – ni en espérant que les syndicats qui se revendiquent aujourd’hui de l’anarcho-syndicalisme deviennent suffisamment puissants pour s’y substituer, en tout cas à court terme. Il y a parmi ceux-ci des leurres qui ne sont pas toujours aussi faciles à démasquer que le « camp Mateu » de la CGT.
Une vraie organisation de résistance aux attaques néo-libérales et au fascisme en marche doit se construire d’abord à partir des réalités locales, dans l’entreprise, mais aussi à l’extérieur. Non seulement parce que le monde du travail est de plus en plus atomisé (précarité, horaires décalés, télétravail, auto-exploitation…) mais aussi parce qu’il faut y associer les luttes contre les atteintes à l’environnement ; les initiatives de solidarité et de partage ; les mobilisations contre la répression…
L’organisation des exploité.es ne peut naître d’une dynamique qui fait sortir les gens quand les têtes des organisations l’estiment nécessaire. Elle doit se développer d’abord au plan local et régional. Lorsque l’on est « du coin », il est plus facile de mesurer le rapport de force, de savoir sur quel collectif et sur quelles personnes on peut compter et de créer des structures ouvertes ou discrètes selon les nécessités. Le mouvement actuel, avec ses actions souvent imprévues ou innovantes a commencé à réaliser cette résistance. Les militant.es des syndicats en font partie, mais aussi celles et ceux qui sont éloigné.es de ces structures. Un véritable maillage du territoire est en développement dont les formes d’organisation sont en gestation. L’essentiel est qu’il ne soit pas dominé par des professionnel.les de la contestation qui cherchent à faire carrière.
Notes
1) France Info 19.04.2023.
2) Léo-Paul Trevan-Nenez et Brian Edras, « Oublier Macron… », Lundimatin n° 380, 27 avril 2023.
3) Lewis Chambard « Militants : pourquoi tout le monde nous déteste ? », Frustration Magazine, 26 avril 2023.
4) Coralie Bonnefoy, « Olivier Mateu, l’habile et radical patron de la CGT13… », Marsactu, 31 janvier 2023.
5) Sophie Béroud, Martin Thibault, « Du dialogue social à l’épreuve de force », Le Monde diplomatique, avril 2023.
6) Jean-Pierre Boudine, « Sur le 53ème Congrès de la CGT », Le Club de Médiapart, 11 avril 2023.
7) La CGT fait partie de la CSI et de son organisation continentale la Confédération européenne des syndicats (CES) depuis 1995. Lors de son dernier congrès, la question de retourner à la FSM a été soumise au vote : 27% des délégué.es se son prononcé.es en faveur et 63% contre.
8) Tony Fraquelli, « Après le 53e congrès de la CGT : quelle démocratie pour le syndicalisme ? » https://www.contretemps.eu/congres-cgt-democratie-syndicalisme/
9) Les journalistes Catherine Tricot et Pablo Pillaud-Vivien affirment qu’Olivier Mateu fait perdurer la tradition anarcho-syndicaliste de la CGT « dans ses aspects pas super sympa » émission du 2 avril 2023, sur Regards.fr. Citant la chercheuse Françoise Piotet, Dan Israel et Khedidja Zerouali affirment que la CGT est « une anarchie plus ou moins organisée » ce qui témoignerait de « l’héritage de l’anarcho-syndicalisme dont [elle] est issue ». Voir « La CGT tourne la page Philippe Martinez dans l’incertitude », Mediapart du 26 mars 2023. Tout ça est historiquement faux, la CGT ne s’est jamais réclamée de l’anarcho-syndicalisme. Les anarchistes qui l’on rejointe, au début du siècle dernier, se réclamaient du syndicalisme révolutionnaire. Le terme « anarcho-syndicaliste » était considéré à l’époque, en France, comme péjoratif et c’est plutôt cette tradition dépréciative qu’on voit perdurer dans ces commentaires.