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Parler des révoltes qui ont lieu en France en ce moment depuis la si paisible Helvétie ? En fait, nous ne sommes pas plus loin des quartiers qui connaissent ces émeutes que le reste de la France.
Ce qui saute aux yeux dans ces évènements, c’est leur ressemblance avec ceux que les Etats-Unis ont connus après la mort de George Floyd tué par un flic en 2020. Et ce qui vole en éclat, c’est l’illusoire modèle républicain français qui se posait en contre modèle de celui des Etats-Unis. La France est un pays qui pratique systématiquement la relégation des populations pauvres et racisées dans des zones où personne ne va qui n’est pas obligé d’y aller et d’où part quiconque trouve moyen d’y échapper. La France pratique cette ségrégation raciale et sociale spécifique depuis des décennies.
Aujourd’hui, après une injustice sanglante de trop, la jeunesse de ces quartiers explose : édifices publics brûlés, affrontement avec les flics, pillage de magasins, agressions physiques. Cette colère, comme toutes les colères, charrie large. C’est un feu qui court et dont la nature ne peut être déterminée de l’extérieur. Toutes les tentatives de nommer ce qu’il se passe qui n’émanent pas des personnes qui prennent part à ces évènements sont caduques. Toute tentative de les arrimer de l’extérieur à telle ou telle autre lutte ou mouvement politique n’est que récupération.
Tout ce que l’on peut dire c’est que la France – mais le constat vaut selon des variations locales, pour les autres pays européens – est constituée d’espaces dédiés qui se juxtaposent mais ne se sont pas rencontrés pour l’instant. Mais ils ont le point commun d’être des « ailleurs » pour le pouvoir central, pour la bourgeoisie qui domine.
Les Gilets jaunes habitaient les ailleurs du périurbain mité, de la ruralité sans campagne. Les jeunes dans la rue aujourd’hui habitent les ailleurs des « cités » loin des centres marquées par une architecture et un urbanisme de troisième catégorie où ils connaissent des conditions de vie particulièrement dégradées.
On entend, ici ou là, à gauche, que ces jeunes devraient au moins respecter les mairies, les écoles, les bibliothèques dont l’Etat concède encore l’existence dans ces lieux de relégation. On ne peut s’empêcher de sentir dans ces opinions un relent colonial.