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Samedi 1er juillet, dans la soirée, des affrontements violents ont eu lieu au centre de Lausanne entre la police et « plus d’une centaine de jeunes » qui s’en sont pris à des commerces. Si l’on en croit la presse (20 minutes), ces « scènes de guérilla urbaine » auraient suivi des messages sur les réseaux sociaux « appelant à répandre la trainée de poudre allumée de l’autre côté de la frontière » suite au meurtre de Nahel à Nanterre. Sept personnes ont été arrêtées par la police, dont six mineur.es.
Les commentateurs affirment que les manifestant.es auraient agi par « mimétisme » et que cette « émeute » aurait été « plus opportuniste que politique ». Qu’en savons-nous ? Il est toujours facile de caricaturer… de traiter de sauvages ou d’irresponsables celles et ceux qui se révoltent. D’autant que chez nous aussi, il y a de bonnes raisons de détester la police.
Quelles que soient les motivations des participant.es, ces événements entrent en résonnance avec l’acquittement quelques jours plus tôt de six policiers lausannois accusés du meurtre de Mike Ben Peter suite notamment à un violent plaquage ventral.* Ce procès n’est que le dernier épisode d’une série de décès d’hommes noirs entre les mains de la police lausannoise et vaudoise.
Le 31 août 2021, Nzoy Wilhelm, un citoyen Suisse afro-descendant de 37 ans souffrant de problèmes psychiques était abattu par la police sur le quai de la gare de Morges.** Comme dans l’affaire d’Hervé Mandundu abattu par la police dans son immeuble à Bex le 6 novembre 2016, la police a plaidé la légitime défense afin de justifier l’usage d’une arme à feu pour maîtriser un homme en détresse.
Il y a aussi eu la mort de Lamine Fatty dans sa cellule, le 24 octobre 2017. Souffrant d’épilepsie, ce jeune réfugié gambien a été laissé agonisant, dans une cellule surveillée par une caméra, alors qu’il était victime d’une méprise (la police recherchait un homonyme). Dans ce cas, deux coups de téléphone (dans le centre qui l’accueillait ou à l’hôpital où il avait récemment été opéré) auraient permis sa remise en liberté.
Ces injustices ont à chaque fois donné lieu à d’importantes manifestations anti-racistes, mais les contrôles au faciès, le mépris et les mauvais traitements de la part des institutions policière, judiciaire, pénitentiaire… constituent encore et toujours une menace pour les personnes racisée dans le canton de Vaud.
Aux affaires évoquées ci-dessus, il faut ajouter, entre autres, la mort de Skander Vogt en 2010. Soumis au régime de l’internement (incarcération pour une durée indéterminée). Skander est mort d’asphyxie après l’incendie qu’il avait provoqué dans sa cellule, alors que neuf personnes (gardiens, personnel médical) assistaient à son agonie derrière une porte grillagée. Un seul des accusés a finalement été condamné… à 60 jours-amendes avec sursis !
Nous pensons aussi à François Légeret condamné à perpétuité en 2008, pour le meurtre de sa mère et d’une amie de celle-ci, alors qu’il a toujours clamé son innocence. Cette affaire reste entachée d’irrégularités, les preuves à décharge ayant été écartées par le procureur.***
Si le doute n’a pas profité à l’accusé, ne serait-ce pas parce que ce garçon adopté a la peau foncée…

* Sur le procès des policiers impliqués dans le décès de Mike voir :
https://renverse.co/infos-locales/article/suivi-du-proces-des-policiers-qui-ont-assassine-mike-renens-12-14-juin-2023-4064

** Voir à ce propos la brochure de l’entretien avec Evelyne Wilhelm, la sœur de Nzoy.
https://www.ladispersion.ch/brochures/nzoy_vf.pdf

*** Jacques Secrétan, L’affaire Légeret : un assassin imaginaire, Sainte-Croix, Ed. Mon Village, 2016.