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Espagne : ne pas confondre CNT-AIT et CNT-CIT.

Le 15 juillet dernier, la CNT-CIT ou CNT© de Barcelone accueillait dans ses locaux une conférence de Silvia Carrasco, professeure d’anthropologie à l’Université autonome de Barcelone et présidente de « Féministes de Catalunya ». Cet événement décrit comme transphobe par plusieurs collectifs et personnes concernées a donné lieu à des manifestations de rejet. Il a aussi bénéficié d’une protection policière… Des photos et vidéos ont circulé sur le web montrant un local apparemment anarcho-syndicaliste protégé par la police !
Nous tenons tout d’abord à rappeler que la CNT-AIT est une autre organisation que la CNT-CIT. La CNT d’Espagne s’est constituée en 1910. En 1923, elle a rejoint l’Association internationale des travailleurs (AIT) qui venait de se reconstituer à Berlin, dans une optique syndicaliste révolutionnaire et anarcho-syndicaliste.
En 2016, le comité confédéral de la CNT d’Espagne, appuyé par quelques syndicats et individus, mais sans l’accord d’un congrès ou d’une plénière, a commencé à promouvoir la création d’une autre internationale : la Confédération internationale des travailleurs (CIT). Sans entrer dans les détails (nous aurons l’occasion d’y revenir), ces gens prétendent favoriser une orientation plus « syndicaliste » et rompre avec les organisations sœurs d’autres pays et continents jugées trop « idéologiques », c’est-à-dire trop anarchistes ! En Espagne même, certains syndicats de la CNT jugés trop « radicaux » étaient marginalisés ou expulsés.
A partir de ce moment-là, les syndicats qui considéraient que la décision de rejoindre une autre internationale était illégitime, vu qu’elle n’avait jamais été prise en congrès, ont entamé un processus de « restructuration » de la CNT-AIT, afin de revenir à la norme assembléiste.
La direction de la CNT-CIT a alors déposé la marque CNT©et dénoncé des militant.e.s et syndicats de la CNT-AIT devant la justice, les accusant d’usurpation. La CNT-CIT réclame désormais de grosses sommes à la CNT-AIT, ainsi que des peines de prison pour certain.e.s de ses membres. L’affaire est toujours en cours.
L’une des caractéristiques de la CNT-CIT est de miser sur un syndicalisme de service dirigé par des spécialistes et autres professionnels. De là peut-être la proximité avec une Silvia Carrasco qui prétend mieux savoir que les propres intéressé.e.s quels sont leurs besoins et nécessités. Avec les « Féministes de Catalunya », Carrasco considère que les revendications des personnes trans sont une mode, une idéologie, voire une religion. La même personne et son association sont favorables à l’interdiction (prohibition) de la prostitution. Un point de vue partagé par une partie de la CNT-CIT qui, peu de temps auparavant, placardait sur les murs de Valence (Espagne) des affiches affirmant que « la prostitution n’est pas un travail ».
Quelles que puissent être les positions des anarcho-syndicalistes de la CNT-AIT sur ces questions (il serait présomptueux de notre part d’affirmer que toutes et tous sont du même avis), nous pouvons sans risque affirmer qu’en leur sein, il n’est pas question de dénigrer ou d’attaquer des collectifs particulièrement exploités et marginalisés. Contrairement aux professionnels du syndicalisme ou de la politique, iels ne prétendent pas faire le bonheur des gens contre leur gré.