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Impunité… c’est ce à quoi s’attendent les harceleurs et agresseurs sexuels. En Espagne – comme dans bien d’autres pays – les juges leur donnent souvent raison. Le baiser forcé imposé à l’attaquante de l’équipe féminine par Luis Rubiales, le président de la fédération espagnole de football n’est que la pointe de l’iceberg d’une « culture » machiste et autoritaire présente dans de nombreux milieux. Comme le dit un post vu sur les réseaux sociaux : « Si une championne du monde doit subir ça, imaginez une serveuse ».

Quand une travailleuse essaie de faire valoir ses droits en dénonçant son supérieur hiérarchique, elle voit bien souvent la situation se retourner contre elle. En 2021, à Grenade, une sommelière du bar FRANKFURT’S BOCANEGRA dénonçait le gérant qui, entre autres offenses, lui avait envoyé la photo d’un pénis en réponse à une question concernant l’horaire de travail. Soutenue par le syndicat CNT-AIT, le harcèlement subit a été dénoncé devant un tribunal, mais le juge a considéré que les preuves apportées étaient insuffisantes, l’affaire est en appel.

Suite à ce premier jugement, le gérant et l’entreprise ont porté plainte contre la travailleuse et le secrétaire du syndicat pour diffamation. Tous deux risquent 30’000 euros d’amende et deux ans de prison. Les militant.e.s de la CNT-AIT, soutenu par d’autres syndicalistes et des militantes de l’Assemblée féministe unitaire ont déjà réalisé plusieurs « piquets informatifs » devant l’établissement. Cette mobilisation se poursuit.

Nous reproduisons ci-dessous le contenu (librement traduit) d’une double affiche de la CNT-AIT qui analyse la situation et évoque d’autres cas de répression, qui concernent aussi bien celles et ceux qui luttent pour leurs droits que le syndicalisme en tant que tel.

C’est un exemple de plus du scandale des discours sur les prétendues « fausses dénonciations »

Les victimes doivent d’abord supporter le poids émotionnel d’un très long processus. Elles doivent présenter des preuves documentées généralement difficiles à obtenir, sans jamais savoir si le juge les jugera suffisantes. Elles doivent sacrifier leur temps, leur santé, pour prouver les violences subies ; elles doivent supporter qu’on les interroge en permanence, alors qu’elles voient comment ce type d’agression se répète quotidiennement ; elles subissent un calvaire pour défendre leurs droits les plus élémentaires de femmes et de travailleuses.

Nous ne pouvons pas tolérer que cet événement constitue un précédent. Il est inadmissible que le fait de dénoncer le harcèlement sexuel (avec la difficulté que cela implique pour une travailleuse d’oser dénoncer son chef, dans des conditions inégales, avec le risque de perdre un travail dont dépend sa subsistance) soit considéré comme un délit. Nous ne pouvons pas permettre que ce cas dissuade les futures victimes de porter plainte pour défendre leurs droits.

Malheureusement, ce cas ne surprend personne. Nous savons que l’alliance entre le patriarcat et le capital est une alliance criminelle. Il n’est pas surprenant que le harcèlement sexuel et le harcèlement sur le lieu de travail aillent de pair.

D’autre part, nous sommes à nouveau confrontés à un cas manifeste de répression syndicale. A d’innombrables reprises nous avons été confrontés à cette forme de violence, qui n’est rien d’autre qu’une stratégie de plus par laquelle les patrons, en collusion avec l’État, tentent de réduire et d’étouffer celles et ceux qui s’opposent à leurs intérêts.

Ces dernières années, nous avons été témoins de nombreux cas de répression syndicale comme, par exemple, les quatre syndicalistes du SAT (syndicat andalous de travailleurs) condamnés à six mois de prison pour avoir soustrait des produits de base du supermarché Mercadona, afin de protester contre les hausses de prix dans un contexte de crise ; ou les six syndicalistes de la CNT de Gijón qui risquent trois ans et demi de prison, pour avoir exercé leur activité syndicale en défense d’une travailleuse en conflit avec la pâtisserie « LA SUIZA» ; travailleuse qui, comme notre camarade, avait dénoncé du harcèlement sexuel en plus d’une série d’abus en matière de conditions de travail. Notre cas n’est qu’un cas de plus.

Enfin, nous tenons à insister sur la responsabilité de FRANKFURT’S BOCANEGRA : tout au long de ce processus, malgré les nombreuses évidences, l’entreprise a maintenu le responsable à son poste, sans le remettre en question, tolérant et renforçant ce type de conduite ; tout comme la responsabilité du tribunal qui a admis cette plainte infâme visant à criminaliser le syndicalisme et la lutte des travailleuses.

Le texte original de la CNT-AIT de Grenade ainsi que les revendications se trouvent ici :

https://www.granada.cntait.org/content/campa%C3%B1a-contra-frankfurt-bocanegra