Cop 26… donc, il y a en a déjà eu 25 auparavant ! Depuis 1995, le même cirque : chefs d’états, ONG, scientifiques, etc. grenouillent quelques jours dans une ville à faire les uns des discours, les autres des commentaires. Et, chaque fois, la même solennité surjouée : « c’est notre dernière chance, etc. » Ces cérémonies font parties du dispositif mis en place ces dernières années pour que le système se reconduise dans une nouvelle version que l’on dit verte.
Des millions de pages sont noircies, année après année, qui référencent la crise environnementale majeure et globale qui menace la vie-même telle que nous la connaissons sur la planète. En fait, le système productiviste et consumériste basé sur le profit a détruit les milieux naturels et leurs habitants. Pourtant, dans l’opération de verdissement en cours il ne s’agit jamais de remettre en cause ce système et ses fondamentaux. Au contraire, l’opération consiste à se focaliser sur un des aspects de la crise qui est présenté comme réformable et donc porteur de la solution.
Premier temps, la crise écologique est réduite à une crise climatique. On feint d’ignorer que les atteintes massives à l’environnement ne trouvent, de loin pas, toutes leurs origines dans le dérèglement du climat.
Deuxième temps, la question devient donc de réduire les émissions de CO2, responsables du réchauffement climatique.
Troisième temps, la solution arrive : il faut produire autant d’énergie mais en se passant d’énergies fossiles.
Au final, de gigantesques marchés s’ouvrent en lien avec la transition énergétique sans que jamais l’on ne s’arrête sur les nouvelles atteintes à l’environnement que cela entraîne. La crise écologique globale est escamotée et la question de la nature du capitalisme fondamentalement nuisible au vivant est évacuée et voilà ce bon vieux système reparti pour un tour.
Mais ce n’est pas le seul bénéfice de l’opération.
En présentant un objectif commun qui concernerait toute l’humanité, les dirigeants politiques, les scientifiques, les ONG et les militants « visibilisés », construisent un « nous » totalement abstrait qui se passe de définition car « nous sommes tous dans le même bateau » (certes, certains sont, comme toujours, à fond de cale et d’autres sirotent des cocktails sur le pont supérieur). Cette arnaque permet de ne jamais désigner de responsables : plombier africain, paysanne roumaine, indigène amazonien, pétrolier texan, Jeff Bezos… font également partie de l’équation. Les mêmes dirigeants politiques et économiques qui ont permis et profitent de la catastrophe s’exonèrent de leur responsabilité à l’abri de ce « nous » bidon tout en imposant les solutions qui vont leur permettre de continuer à jouir de leur position privilégiée.
Mieux encore, l’urgence sans cesse brandie fait apparaître la transition énergétique comme la seule question qui mérite que l’on s’y attarde. En gros, tout irait très bien sans ce foutu CO2. La question sociale ? « vous n’allez pas vous arrêter à de tels détails alors que la Terre brûle ? ». Pourtant, si la terre brûle, c’est bien parce que, au fondement du système en place, on trouve l’exploitation de l’homme au même titre que celle de la nature : le mode de production industriel bousille la santé des travailleurs, la numérisation des activités les transforment en robots, la grande majorité des jobs n’offre aucun intérêt et n’obéit à aucune nécessité si ce n’est d’enrichir patrons et actionnaires. Quid, demain, des mineurs qui vont extraire les minerais nécessaires au « miracle de l’énergie propre » pour fabriquer d’innombrables bagnoles « so green » au moyen desquelles des travailleurs algorithmés se rendront dans leurs entrepôts Amazon pour remplir des paquets de tas de merdes inutiles à expédier fissa à des consommateurs netflixés jusqu’à l’os ? Quid, en fait, du capitalisme ?
Il n’y a pas de capitalisme doux, respectueux, « vert ». Il n’y a qu’un système dont la prédation est l’essence et l’exploitation des hommes et des femmes est la condition nécessaire.
Nous voulons un monde vivable ? Qu’aucun humain ne soit exploité pour le profit d’un autre. Parions que la « planète » s’en portera très vite beaucoup mieux.