Ce texte, on s’était promis de ne pas l’écrire. A quoi bon tirer sur des ambulances ? Tout le monde s’en fout des déboires de l’extrême-gauche vaudoise. A quoi bon expliquer que des syndicats qui se disent alternatifs (SSP-Vaud, SUD-Vaud…) font surtout de la politique politicienne à la petite semaine ?
Quand l’Union européenne déroule le tapis rouge au gouvernement Erdogan pour qu’il reprenne les réfugiés qui accostent en Grèce. Quand les massacres se poursuivent en Syrie et ailleurs, peut-on vraiment s’intéresser aux anecdotes de la politique locale ? L’horreur est peut-être aussi dans le détail de ces pieds nickelés qui prétendent penser global et agir local et qui malgré eux – soyons charitables et admettons qu’ils ne le font pas exprès – servent de faire valoir aux politiciens en place.
Une fois de plus, avec le vote sur la réforme de la fiscalité des entreprises (RIE III), les référendaires compulsifs se sont mis un auto goal ! Ceux qui se moquaient de Brouillard et Malice (Maillard et Broulis, le socialiste et le radical respectivement ministres de l’action sociale et des finances du canton de Vaud) l’ont eu dans le cul à 87%. Une vraie débandade.
On va expliquer ce qu’on a compris de cette affaire. En deux mots : afin d’attirer les sièges des multinationales, les cantons suisses offraient des régimes fiscaux « spéciaux » aux exploiteurs qui se fixaient sur leurs terres, soit des taux de taxation des bénéfices à la tête du client. Ce dumping fiscal était devenu une véritable industrie, notamment dans le canton de Vaud, mais ce n’était pas conforme aux normes internationales et la Suisse s’est fait taper sur les doigts. La législation est sur le point de changer sur le plan fédéral. Prenant les devants, le gouvernement vaudois a trouvé une astuce : baissons les impôts locaux de toutes les entreprises. Pour faire passer la pilule, le pouvoir a promis des compensations sociales telles qu’une augmentation des allocations familiales… des promesses qui, comme chacun le sait, n’engagent que ceux qui y croient.
Jouant les Cassandre, des gauchistes ont lancé un référendum cantonal contre ce projet de loi, en expliquant que les économies qui découleront du futur manque à gagner entraîneront des réductions du personnel de la fonction publique, la détérioration des prestations, des hausses d’impôts pour les particuliers, etc. Tout ça c’est très vrai, mais pourquoi ne sont-ils parvenus à convaincre que 13% des votants, offrant un véritable plébiscite au pouvoir ?
Parce qu’en face, gouvernement, associations patronales, parti socialiste et syndicats non « alternatifs » affirmaient : si on ne fait pas de cadeaux aux patrons, ils vont se tirer d’ici et toi, l’électeur, tu seras au chômage. Alors que si tu nous fais confiance on te donnera quelques miettes à toi aussi.
La morale de cette histoire, c’est d’abord que ce genre de scrutin – n’en déplaise aux gens de Podemos en Espagne qui l’appellent de leurs vœux (comme à l’opposé de l’échiquier politique, le FN en France) – sourit aux démagogues et délégitime les luttes à la base et l’action directe. Pour les militants/es sincères qui s’engagent dans ces campagnes référendaires, c’est aussi une source inépuisable de découragement. Beaucoup l’ont compris et luttent sur d’autres terrains.