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Quelques mois déjà que nous écrivions au sujet de la victoire de Syriza en Grèce : « Pour un changement vers une société juste et égalitaire, il n’y a pas, et même moins que jamais, de raccourci par les urnes. » Autant dire que les évènements récents nous donnent sacrément raison. Et cela nous attriste : nous aurions été les premiers heureux si les travailleurs et chômeurs grecs avaient pu trouver un peu d’oxygène avec l’arrivée de Syriza au pouvoir. D’une manière générale, il serait tellement pratique qu’en glissant un simple bulletin dans l’urne, par le miracle de l’arithmétique majoritaire, le fardeau qui pèse sur le plus grand nombre puisse s’alléger. Nous appartenons à une « tradition » anarchiste qui a abondamment critiqué cette illusion électorale. Bien entendu, cela se discute. On peut entendre que les élections puissent participer d’une mobilisation des opposants au système, qu’elle fasse entendre leur voix… ou autres choses genre sparadrap sur une jambe de bois. Mais là, devant le désastre grec, même les plus niais zélotes des élections, pour peu qu’ils pensent par eux-mêmes et aient l’honnêteté de le faire, doivent amener pavillon et enfiler cilice pour faire pénitence.

Le peuple a voté et rien ne se passe sinon quelques mois de ce qui s’apparente à une sorte d’interminable séance de torture socio-économique à l’échelle d’un pays. Pire, les élites européennes punissent les « Grecs » et elles peuvent le faire car, malgré les déclarations du fanfaron Tsipras, celui-ci ne pèse rien du tout dans le rapport de force actuel et ce depuis le début *. Et les dirigeants allemands, entre autres, de vertement le lui rappeler.

Ce bref commentaire ne peut embrasser tout ce que cet épisode révèle et nous essaierons de le faire, patiemment, dans les mois qui viennent. En sus de l’épuisement du fantasme démocratique que nous avons rapidement évoqué, lister simplement ce que l’on a vu indique les pistes à suivre :

  • des élites totalement déterminées à dépecer un pays (et gageons que les privatisations imposées à la Grèce ne seront pas perdues pour tout le monde !) ;
  • des médias, dans leur immense majorité, vendus à ces élites, des incapables, caricaturaux, autant débiles que bavards ;
  • le renforcement d’un « moralisme de marché », véritable intégrisme nauséeux des puissants ;
  • la faillite définitive de la social-démocratie personnifiée dans un Hollande aussi combatif qu’un lapin pris dans les phares d’une bagnole ;
  • une mise en garde à l’intention d’autres « alternatifs » du sud de l’Europe tels Podemos en Espagne et à leurs électeurs potentiels : voilà ce qui arrive quand on a la prétention de menacer les intérêts capitalistes ;
  • la réactivation des clivages nationalistes les plus crétins selon le même vieux confusionnisme qui dresse les uns contre les autres à grand coup de « les Grecs, les Allemands, etc. » ignorant l’existence de classes aux intérêts divergents au sein des entités nationales ;
  • l’absence d’un véritable internationalisme populaire pour s’opposer à celui, bien portant lui, des élites.

Voilà, le chantier est ouvert, la situation est grave en Grèce et ailleurs car, après la crise de 2008, la guerre aux travailleurs s’est accentuée. La Grèce a soi-disant vu naître la démocratie mais ce qu’était Athènes, en réalité, c’était une oligarchie tantôt démocratique, tantôt tyrannique assise sur une armée d’esclaves et de citoyens de deuxième classe… En effet, l’Europe est bien fille de l’Athènes antique.

Enfin, n’oublions pas que, pour la Grèce précisément, il faudra essayer de voir, à la différence de ce que font les commentateurs aux ordres, la complexité de la situation d’une société qui ne se limite pas au oui ou non du référendum. Il existe, par exemple, sur place des forces qui contestent depuis le début ce marché de dupes.

* Il vient même de dire qu’il sait que c’est plié depuis le mois de mars.