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(Photo Marie-Line Quéau) © Le Télégramme

Le 19 mai dernier, un pan de mur s’effondrait à Douarnenez (Finistère) suite à une forte pluie. Il s’agissait du dernier vestige de l’Usine rouge, une ancienne conserverie de sardines qui devait laisser la place à un immeuble de standing pour touristes et retraités aisés, avec vue sur l’un des plus jolis panoramas de bord de mer breton.

Au moment de l’incident, deux thèses s’affrontaient, celle de la mairie qui accusait la promoteur d’avoir retiré des remblais sans débuter les travaux et celle de cette dernière qui reprochait aux autorités de ne pas avoir canalisé les eaux de pluie provenant des rues en amont. Nous n’entrerons pas ici dans une polémique entre promoteur et mairie UMP.

Derrière un fait divers anodin (ni morts, ni blessés) on peut voir les conséquences de la spéculation immobilière ; du réchauffement climatique et de l’augmentation des précipitations qui accélèrent l’érosion des côtes ; mais aussi de la disparition de la ressource (les sardines) qui – avec la mondialisation – a entraîné la fermeture de la plupart des conserveries de la région.

Pour le promeneur lambda qui découvre le coin, un autre indice offre une dimension supplémentaire à l’événement. Une borne thématique installée à proximité par l’Office du tourisme rappelle la grande grève victorieuse de 1924, à laquelle près de 2’000 ouvrières avaient participé. Ainsi, ce n’était pas seulement à cause de sa façade de briques apparentes que l’usine, fermée en 1974, était rouge. Elle l’était aussi dans le cœur des ouvrières et ouvriers qui y avaient travaillé.

En 2014, l’effondrement de l’Usine rouge apparaît ainsi comme quelque chose de terriblement symbolique. C’est une civilisation qui a disparu sans vraiment qu’on s’en rende compte. Cet effondrement est-il aussi le nôtre ? Celui de notre vision du monde, de nos théories et doctrines, de nos traditions ? Que pouvons-nous récupérer dans les remblais ? Quels enseignements pouvons-nous retirer de l’histoire particulière des  » ouvrières de la mer  » (1) et de leurs maris, fils et frères : les pêcheurs bretons ? Mais aussi : que reste-t-il du « communisme » ? Sachant que Douarnenez fut la seconde mairie communiste de France en 1921 et qu’elle devait le rester jusque dans les années 50. Ces questions et quelques autres seront traitées sous la forme d’un feuilleton, dans les semaines qui viennent, sur ce blog.

 

(A suivre)

1. Sur cette histoire, nous nous référerons principalement à l’ouvrage d’Anne-Denes MARTIN, Les ouvrières de la mer. Histoire des sardinières du littoral breton, Paris, L’Harmattan, 1994