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Il y a 4 ans, le gouvernement de Hosni Moubarak était renversé par un vaste mouvement révolutionnaire. Parti de la Place Tahrir, un grand élan d’espoir avait envahi l’Egypte au nom de la Liberté, de la Dignité et de l’Égalité sociale.

Désormais un régime militaire a repris le pouvoir, suite à un coup d’État contre ses ex-alliés : les Frères Musulmans. Le général El Sissi a décidé d’en finir avec la Révolution. Par des méthodes fascistes, il s’en prend aux militantes et militants qui sont confrontés à une répression sans précédent.

Depuis que l’armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013 et réprimé dans le sang les manifestations de ses partisans, on assiste à la multiplication des condamnations à mort et à de longues peines de prison dans des procès de masse expédiés parfois en quelques minutes.

Loi anti-manifestation et assassinats

En novembre 2013, le gouvernement promulgue une loi anti-manifestation. Les jeunes révolutionnaires qui ont combattu aussi bien l’armée que les islamistes sont emprisonnés, ou sont victimes d’assassinats ciblés lors de manifestations, comme Chaïmaa EL Sabbagh, du parti de l’Alliance socialiste, leader du mouvement ouvrier à Alexandrie, froidement abattue par la police le 24 janvier 2015. Le 13 février dernier, le procureur général a interdit toute publication à propos de l’assassinat de cette militante de gauche.

Tueries lors de manifestations politiques ou sportives

Deux exemples :

–       Entre le 23 et le 26 janvier 2015 : 27 morts lors des manifestations célébrant les 4 ans de la Révolution.

–       Le 8 février 2015, lors du match du club Zamalek, la police pousse les supporters contre un portail : on relèvera 34 morts. Beaucoup de jeunes survivants sont depuis lors en détention préventive.

Procès de masse

–       Yara Sallam et Sanaa Abd El Fatah, Salwa et d’autres militant-e-s pour les droits humains et les droits des femmes sont condamné-e-s à des peines de 3 ans de prison ferme pour avoir participé à un rassemblement qui dénonçait la loi anti-manifestation.

–       Le 4 février 2015, Ahmad Doma, leader de la Révolution (déjà condamné à 3 ans de prison pour l’organisation d’une manifestation illégale) est condamné à la prison à vie avec 229 autres militant-e-s dont 39 mineurs pour avoir participé à une manifestation. L’une des condamnées, Hend Nafee avait été frappée et dénudée par la police. Elle avait bénéficié d’une campagne de soutien nationale et internationale dénonçant la violence spécifique dont souffrent les femmes en Egypte. Il fallait donc la punir ! Lors du procès, 5 des 6 avocats ont été condamnés à 6 mois de prison et c’est sans défense que les accusé-e-s ont été condamnés à la prison perpétuité.

–       Alaa Abd El Fatah, co-fondateur de plusieurs associations de défense des droits humains, connu pour ses positions antimilitaristes et sa participation à des manifestations contre les milices des Frères Musulmans est condamné à 5 ans de prison et 100’000 livres égyptiennes d’amende. Même chose pour son camarade, Ahmad Abd El Rahman (qui n’avait pas participé à la manifestation incriminée, mais seulement secouru une manifestante tabassée par des policiers). 24 de leurs camarades écopent de 3 ans de prison et sont condamnés à payer la même somme.

–       En février 2015, Mahinour militante pour les droits humains et 28 autres militant-e-s ont été condamné-e-s à 3 ans de prison pour avoir participé à des manifestations devant le siège de la confrérie des Frères Musulmans quand ils étaient au pouvoir.

Grèves de la faim et silence des médias

Depuis août 2014, une centaine de prisonniers d’opinion sont en grève de la faim. Tous et toutes poursuivent leur mouvement dans l’indifférence la plus totale des médias.

La politique de la terreur cible désormais tout le monde

On n’arrive pas à recenser le nombre des morts sous la torture dans les commissariats, lors des gardes à vue et dans les prisons. Dans l’unique commissariat de Matareya, 7 cas de morts sous la torture sont recensés pour les seuls mois de janvier et février 2015.

En même temps, le gouvernement autorise à nouveau les salafistes à faire leurs prêches qui incitent à la haine et aux violences conjugales. Il s’appuie sur des fatwas émanant d’El Azhar (institution étatique du culte musulman). L’une de ces fatwas permet au président Sissi de crever les yeux des contestataires. Le gouvernement explique ses choix en arguant qu’il doit encourager l’islam modéré face au terrorisme islamique !

Désormais, la loi anti-terrorisme pénalise toutes les organisations politiques, étudiantes, sportives ou religieuses qui s’expriment contre n’importe quelle décision du régime. Une peine de 3 ans de prison est appliquée à celles et ceux qui critiquent les décisions judiciaires sur les réseaux sociaux.