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En France, des syndicalistes goodyear ont pris 9 mois ferme (en tout 24 mois de prison !) pour avoir retenu quelques heures deux cadres de l’entreprise; en Grèce Tsipras continue le massacre social exigé de Bruxelles en renonçant à un programme humanitaire (cartes d’approvisionnement de nourriture, la santé gratuite pour tous les laissés-pour-compte, les classes de soutien, etc.) censé aider les Grecs les plus touchés par le plan d’austérité général. Dans le même temps il entérine la privatisation des aéroports grecs au profit d’un groupe allemand (certainement un effet de la magie de la solidarité européenne !). Ces deux faits sont comme un résumé de l’état de décrépitude des gauches politiques en Europe.

Le fait français est emblématique du passage désormais total des partis européens dits sociaux-démocates dans le camp du capital. Ce n’est pas une affaire nouvelle, certes, mais bien la fin d’un processus mortifère qui a conduit des partis qui, historiquement, se sont construits en référence au mouvement ouvrier à finir par désigner les travailleurs comme des ennemis. Arrosage de pognon et droit du travail sur mesure pour le capital ; les flics et la taule pour les travailleurs. Les nouvelles mesures sécuritaires prises sous couvert de lutte contre le terrorisme sont bien pratiques ! On voit aussi comment sautent les uns après les autres les quelques freins législatifs destinés à prévenir, un tant soit peu, contre la terreur du capitalisme ! Toute personne dotée d’un minimum de bon sens doit cesser de voir dans ces partis politiques de « gauche » (on ne sait plus vraiment comment on doit appeler ces machins !) un quelconque allié potentiel pour les travailleurs, car c’est exactement le contraire ! Les Hollande, Valls, Sapin, Macron sont, au même titre que des Sarkozy, Juppé ou n’importe quel autre guignol de droite, les cauchemars de tout mouvement social.

Heureusement, il nous reste la gauche « radicale »… euh… ben non. Le fantasme grec a vécu[1] et avec quelle vitesse encore ! Il est un signe des temps de voir les fleurs politiques fanées aussitôt qu’écloses. Tsipras fourgue les bijoux de famille aux capitaux allemands et envoie sa population la plus pauvre se faire voir. Rappelons-nous l’espoir soulevé par la montée en puissance de Siriza ! Espoir à la mesure du désespoir généré par la trahison. Car les apprentis sorciers aux dents longues à la Tsipras ne font pas que faire l’exact contraire de ce qu’ils annoncent. Ils embarquent avec eux des gens qui croient que les choses peuvent réellement changer et les abandonnent illico en rase campagne. Tsipras a fait ce que les gouvernements précédents n’avaient pu faire, en appliquant les mesures iniques exigées par les créanciers et l’UE, tout en assommant le mouvement social.

Si les « vieilles gauches » ne sont plus que des baudruches remplies de vide, les « nouvelles gauches » se dégonflent aussitôt que confrontées à l’exercice du pouvoir. Car il est loin le temps des trente glorieuses qui, sans être le moins du monde glorieuses, donnaient un peu de grain à moudre aux réformistes politiques et syndicaux dans un contexte très différent (existence d’un bloc de l’Est, pré-mondialisation financière, etc.). Aujourd’hui, le cadre du système capitaliste est tel que gouverner c’est servir le capitalisme et rien d’autre[2]. Il existe moins que jamais possibilité de « moraliser » ou d’amender le système et ceux qui disent le contraire sont des menteurs et des ambitieux.

C’est le système économique actuel qu’il faut renverser pour mettre un terme à la violence qu’il exerce sur la majorité des individus. Nous sommes bien d’accord, ce n’est pas gagné. Loin s’en faut. Mais un premier pas est d’admettre que rien d’autre qu’une opposition, à la base, sur le terrain économique et social ne permettra de mettre en échec le système qui y exerce sa domination.

 

[1] Nous écrivrions dés l’élection de Tsipras : « Voilà, enfin, un autre enseignement du cas grec : la gauche politique est à poil. Pour son versant social-démocrate, le passage au libéralisme est définitivement acté, quant aux « radicaux », leur marge de manœuvre est infime dans le cadre du système actuel. Même des ajustements vaguement sociaux à la marge sont très difficilement opérables. Pour un changement vers une société juste et égalitaire, il n’y a pas, et même moins que jamais, de raccourci par les urnes. »

[2] Cf.http://www.pauljorion.com/blog/2016/01/13/good-year-ou-good-kill-par-roberto-boulant/